Il est évident que, tant que ne sera pas abolie la cause, l’effet persistera

GUERRE

Nous entendons, par le mot « guerre », un état d’hostilité déclarée, entre deux peuples, ou groupes de peuples, et qui comporte des luttes armées.

Ce mot désignait, dans le passé, deux sortes de conflits armés : les uns, entre nations différentes, appelés guerres étrangères, ou guerres internationales ; les autres, entre deux fractions importantes d’une même population, appelés guerres civiles.

Autrefois, les guerres entre provinces avaient, en effet, les mêmes caractéristiques que les guerres entre nations, l’organisation féodale ne comportant pas la centralisation ni l’unification des pouvoirs. Chaque seigneur pouvait lever une armée, sa vassalité à l’égard du souverain n’entraînant pas sa sujétion ou sa subordination complètes.

Mais, aujourd’hui, la guerre civile se distingue très nettement de la guerre internationale, tant par son caractère intrinsèque que par la nature des groupes qu’elle met en présence. Elle exprime, le plus souvent, des conflits entre classes sociales. C’est donc, à présent, la guerre internationale, la guerre entre peuples, qui est la guerre proprement dite, et que doit désigner le mot guerre lorsqu’il n’est accompagné d’aucun qualificatif.

Remarquons qu’au sens juridique du mot, il n’y a guerre que lorsqu’il y a un état d’hostilité entre Etats.

Nous ne pouvons accepter cette définition, qui a notamment comme résultat de ne pas faire considérer comme guerres les actes de brigandage colonial contre des peuples non reconnus comme nations.

C’est pourquoi nous faisons remarquer que, pour nous, la guerre est l’état d’hostilité et de lutte armée entre peuples. […]

 René VALFORT

INVASION

n. f. (lat. invasio, de invadere : in, dans et vadere, aller)

Pénétration militaire dans un pays, irruption guerrière à laquelle font cortège les abus de la soldatesque, le sac des biens et parfois le massacre des personnes. L’invasion se chiffre, pour le vaincu, en brimades, rançons, contrainte, assujettissement, violences et privations de toute nature. Elle apporte au vainqueur le bénéfice de cyniques exactions jointes aux satisfactions grossières de l’amour-propre et de la domination : il puise ses avantages et ses jouissances dans l’exercice des droits souverains de la force. L’invasion a son épilogue dans l’indemnité — souvent écrasante — , l’occupation ou l’annexion…

La terreur de l’invasion a toujours servi les habiletés des professionnels — mégalomanes ou affairistes- du patriotisme. Elle a, devant les peuples inéclairés, justifié, par le paradoxe, les charges d’une paix armée ruineuse souvent plus que la guerre, et entretenu la méfiance et l’atmosphère d’hostilité propices aux rencontres sanglantes. C’est sur les invasions de 1870 et de 1914 que les militaristes de France assoient les « raisons » de leurs armements formidables. La menace ainsi change de camp, et les inquiétudes. Et la paix demeure précaire et sans fondement. Les intérêts, les appétits, les circonstances demeurent l’arbitre d’un équilibre singulièrement provisoire. Plus ardue est aussi, dans la course folle aux préparatifs dits « de défense », la tâche lente du rapprochement des peuples. […]

L.